par Robert SIMONNET

Les gènes et l’intelligence.

A peu près 10.000 gènes régulent l’intelligence et l’inintelligence d’un individu (Nature, 2021). Ils proviennent à environ 40%, des ovules de la mère et 40% du sperme du père pour l’inné, et de 20% pour l’acquis , c’est-à dire les formations reçues pendant l’enfance et l’adolescence. L’intelligence générale (facteur G), mesurée par des tests de quotient intellectuel, utilise pour raisonner des aptitudes verbales, abstraites et concrètes. Ce facteur G est dénommé, en France, «Potentiel Intellectuel (PI)» (Bonnardel) ou, internationalement, «Quotient Intellectuel (QI)» par les Américains dont les études ont démontré que le niveau de ce QI, atteint par le cerveau à l’âge adulte, était pratiquement stable toute la vie, pour les personnes non atteintes de troubles pathologiques.

Les domaines et les aspects intelligents

Il est possible de comparer un génome à un collier composé de beaucoup perles différentes, parmi lesquelles il existerait des rondes (PR), ovales (PO), cubiques (PC), que chaque personne aurait autour du cou. Chaque humain aurait un collier de 10.000 perles qui rassemblerait les trois aspects de son intelligence; l’aspect verbal (domaine sociétal, des hommes de lettres, notaires, juristes…..) (perles rondes PR), l’aspect abstrait (domaine des mathématiques, des scientifiques, des ingénieurs……) (perles ovales PO), et l’aspect pratique ou concret (domaine des personnes manuelles ou techniques…….) (perles cubiques PC). Ce collier pourrait être comparé à son génotype intellectuel, sous certaines réserves.

Les raisonnements et les résultats intelligents

Le nombre de perles (ou gènes) varie d’un individu à l’autre. Certains, plus chanceux à la loterie génétique, héritent d’un collier avec un ensemble de perles (PR),(PO),(PC) plus ou moins favorables à l‘aptitude aux modes de raisonnement déductif (RD), inductif (RI) et analogique (RA), pour traiter l’information. Les personnes les plus performantes à ces raisonnements se retrouvent chez les élèves diplômés des grandes écoles, comme les «Arts et Métiers», «Centrale», «Polytechnique», «Les Mines» et, à un niveau moindre, chez les diplômés des écoles d’ingénieurs.(Capacités humaines et intelligence (OCTAMUS .fr- 2021))

Les ordinateurs et l’intelligence artificielle

On pourrait penser que l’ensemble des perles d’un collier ressemble, pour la forme, à un code génétique, équivalent aux plans de construction d’un processeur d’ordinateur. Il n’en est rien et c’est faux parce que le processeur de l’ordinateur utilise un algorithme créé précisément par l’intelligence humaine.

Les évaluations de l’intelligence et la courbe de Gauss

Avec une bonne ascendance, il est possible théoriquement d’obtenir beaucoup plus de gènes performants, donc de perles. Pour cette évaluation il est nécessaire de savoir lire et comprendre la courbe de GAUSS (ci-dessous).
Il faut d’abord prendre en compte et bien comprendre cette courbe de distribution. A partir d’un exemple concret comme par exemple la taille de tous les Français adultes (20 ans et plus) valides (entre 1,55 mètre et 2,10 mètres) et se poser la question suivante: «Combien y a-t-il- de Français qui mesurent 1,55 mètre, puis 1,60, puis 1,65 ?» et ceci jusqu’à 2,10 mètres, Le nombre sera porté en ordonnée (la verticale) et la taille en abscisse (l’horizontale). Il est facile de constater que la courbe de Gauss se compose de deux parties, celle de gauche concerne les Français très petits, les plutôt petits, les moyennement petits. Sur la partie de droite les très grands, les plutôt grands, les moyennement grands. Cet exemple facile à comprendre pour la taille des Français est identique à ce qui concerne l’intelligence des Français.
D’autre part, il existe des différences entre les facultés cognitives générales (facteurs G), mais aussi entre les quotients intellectuels moyens (QI). Entre les groupes de population, ces différences, bien établies, furent observées depuis plus de 100 ans . Ce qui veut dire que la fréquence des différentes perles du collier peut varier d’une population à l’autre.
Par construction, la moyenne du QI est de 100, son score mondial est actuellement de 85.

L’intelligence est donc un niveau d’efficience générale du cerveau, dicté par une dizaine de milliers de gènes. Le caractère génétique de l’intelligence explique sa répartition gaussienne, et la diversité des gènes impliqués explique l’émergence d’une efficience générale dans l’ensemble des facultés mentales. L’intelligence générale (G) mesurée éventuellement en «NOTE» pour le QI n’est qu’une gradation de l’intelligence générale, réalité physiologique essentiellement génétique.(Raven; Un génie de la mesure de l’intelligence par Francis Van Dam OCTAMUS.fr – 2021).Les dernières études sur la question (Kirkegaard, 2019) confirment que les fréquences raciales de ces gènes augmentant l’intelligence sont strictement parallèles au QI moyen des populations… 

Quarante gènes de l’intelligence découverts

 C’est une équipe internationale qui a réussi à découvrir 40 nouveaux gènes liés à l’intelligence. Cette découverte remet sur le devant de la scène l’un des tabous majeurs de notre temps : l’intelligence est majoritairement liée aux gènes et donc est innée plutôt qu’acquise.

Un total de 52 gènes identifiés dans la formation de l’intelligence

Cette étude, publiée dans la revue scientifique à comité de lecture Nature, a permis de découvrir 52 gènes de l’intelligence. Seuls 12 d’entre eux étaient déjà connus avant l’étude. Il s’agit donc d’un formidable bond en avant pour la science avec la découverte de 40 nouveaux gènes impliqués dans la formation de l’intelligence.

Ce sont 73 308 personnes appartenant au groupe ethnique européen qui ont été testées en treize cohortes distinctes. Huit cohortes étaient composées d’enfants de moins de 18 ans et cinq cohortes étaient composées d’adultes. Un test de QI en ligne a été administré à chaque cohorte.

Les gènes de l’intelligence liés à ceux de l’autisme ou de la schizophrénie ?

Danielle Posthuma, la directrice de ces recherches est catégorique : « Ces découvertes offrent une nouvelle manière de considérer l’architecture génétique de l’intelligence. » Les informations découvertes sont en effet d’une importance capitale. Ce n’est pas une surprise, la plupart des gènes ont été découverts dans le tissu même du cerveau. Par exemple, un gène (SHANK3) responsable de la formation de synapses est corrélé positivement à l’intelligence d’un individu. Point intéressant, ce gène précis peut entraîner une forme d’autisme ou de schizophrénie en cas de mutation.

Un autre gène (FOXO3) est lié à la destruction des cellules du cerveau. « Il a été démontré que ce gène était associé à la longévité » affirme l’équipe de scientifique dans son rapport.

La route est encore longue jusqu’à la découverte de tous les gènes liés à l’intelligence

 

Danielle Posthuma, interrogée par Newsweek a expliqué qu’elle ne s’attendait pas à découvrir autant de gènes : « J’ai conduit de nombreuses études sur le génome et dans de nombreux cas, vous ne découvrez pas beaucoup de gènes, même si les traits sur lesquels vous enquêtez sont très héritables. Et c’est seulement lorsque vous avez un très large échantillon que vous commencez à trouver des choses. »

Et la chercheuse de modérer l’enthousiasme quant à cette étude : « L’héritabilité du QI est de 80 %, la route est donc encore longue jusqu’à la découverte de tous les gènes liés à l’intelligence. »

Pour preuve, les chercheurs ont tenté de prédire le QI d’un groupe de personnes en s’appuyant sur la présence ou non des gènes découverts par leurs soins. La prédiction a été bonne pour seulement 5 % de l’échantillon ! Pour la scientifique ce petit taux de réussite est déjà « une hausse énorme, un doublement de ce que nous pouvions faire auparavant ». Le résultat de l’étude est donc encourageant mais il reste encore de nombreuses découvertes à réaliser.

 

 

Sur l’héritabilité de l’intelligence et les tests de QI

Le consensus scientifique sur la pertinence des tests de QI est total. Les tests de QI mesurent le facteur général de la capacité cognitive, aussi appelée « G ». Il s’agit d’une variable parfaitement corrélée statistiquement à tous les tests d’intelligence. Pour parler clairement, un grand chef cuisinier et un bon mathématicien ne possèdent pas les mêmes formes d’intelligences mais sont susceptibles d’avoir plus ou moins le même QI (« G »). L’héritabilité est la part de l’intelligence liée à la génétique. L’héritabilité ne doit pas être confondue avec l’hérédité qui implique une transmission familiale. En l’espèce, l’intelligence est fortement héritable mais assez faiblement héréditaire selon l’état actuel des connaissances.

          Une héritabilité de 80 % (ou de 0.80) signifie que les prédispositions génétiques joueront à 80 % dans l’intelligence d’un individu Logiquement, l’environnement (éducation, culture, etc.) ne jouera que pour 20 % dans le niveau l’intelligence. Selon l’équipe en charge de l’étude, l’héritabilité de l’intelligence chez les enfants est de 0.45. Elle est de 0.80 chez les adultes. Cette étude d’une extraordinaire importance vient confirmer définitivement un consensus que tant d’apôtres du politiquement correct craignent : l’intelligence est bien majoritairement liée aux gènes. Les implications de ces découvertes sont énormes. Aux scientifiques de les faire apparaître au grand jour sans craindre l’obscurantisme.