Robert SIMONNET

        La démocratie en France va mal. Ce serait une erreur de croire que cette crise est propre à notre pays puisque partout, surtout en Occident, les personnes ont l’impression que leur régime démocratique a été vidé de sa substance.

     Attention de ne pas être traité de « complotiste » lorsqu’on émet cette idée. Elle pourrait, être prise comme une manière tendancieuse d’interpréter des évènements par une action menée secrètement, alors que Hayek (1899 -1992) écrivait déjà en 1920 « que certains penseurs à cette époque pensaient contourner la souveraineté du peuple et son avatar « le nationalisme » par « un détrônement politique ». Ces penseurs regroupés sous le terme de « globalistes» qui pensent qu’un ensemble possède des propriétés que ses composants n’ont pas, ne sont, ni des « libéraux classiques » , adeptes du laisser faire, ni des «  ultralibéraux » favorables du tout-marché.

    Les « néolibéraux », comme Hayek, économiste et philosophe, qui ne croyaient pas à l’autorégulation des marchés, mais qui veulent maintenir libre le jeu des forces économiques et l’initiative des individus tout en acceptant l’intervention de l’État, souhaitent créer un cadre régulateur de l’économie mondiale pour compléter la « main invisible » de l’économie par « la main visible » du droit. Leur projet est moins une théorie économique du marché.qu’une théorie du droit. Contrairement à Keynes (1883 – 1946) qui voulait plus d’interventions de l’État dans l’économie pour réguler les marchés, les « néolibéraux » eux ont proposé un interventionnisme d’un nouveau genre.t. …

      Ces « néolibéraux » à tendance « globalistes » s’inspirent d la théorie du « double monde » qui distingue « la propriété » et « la souveraineté » mais en inversant la perspective en estimant qu’il leur revient de protéger « la propriété » des assauts du pouvoir. Ce « double monde » implique de créer, au niveau supranational, un cadre universel du commerce qui serait intouchable, pour placer la « propriété » et les « marchés » à l’abri des fluctuations démographiques.

         Le droit de la concurrence et le droit international de la concurrence vont devenir l’équivalent de la « Déclaration de l’homme de 1789 » pour le capital. Les « globalistes » ont réussi, sans le dire à instaurer « un libéralisme autoritaire » sous le nom donné par Hayek de « constitution de la liberté » ou aujourd’hui de  « protection constitutionnelle du capitalisme » qui s’impose aux peuples, comme un genre de FMI, dont l’Union Européenne est le modèle. La réalisation de cette EU est donc « hayékienne ».

          Le projet européen a donné naissance à un modèle de gouvernance « hayékien » et la logique « illibérale » apparaît comme « néolibérale ». Cette histoire intellectuelle est ouvertement antidémocratique et en général mal connue. « Je préfère un dictateur libéral à un gouvernement démocratique manquant de libéralisme » disait Hayek à ce sujet. Ce projet globaliste généralement mal connu continue à miner de l’intérieur les logiques démocratiques en les vidant par le haut de leur substance ; « là où l’on vote, on ne décide plus; là où on décide, on ne vote plus» résumait Philippe Séguin en 1992. Il faut donc opposer clairement démocratie et néolibéralisme. Pour savoir ce que l’on veut, l’important est d’avoir des idées claires.